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Conseil du coach: Une vision différente de la proprioception

Depuis quelques années, la proprioception est dans toutes les bouches des coaches, trainer, kiné. Mais, savez-vous à quoi elle correspond exactement ? Je vais essayer de vous expliquer son origine et son fonctionnement dans l?article qui va suivre. Tout d?abord qu?est-ce que la proprioception ? Il s?agit des informations provenant de la stimulation de récepteurs ligamentaires musculaires et articulaires qui contribuent à créer la conscience du corps. Étymologiquement parlant, tiré du latin proprius « propre » et de [re]ception « sensibilité profonde », le terme proprioception désigne la perception consciente ou non des différentes parties du corps. Mais comment cela fonctionne-t-il sur le plan physiologique ? La proprioception fonctionne grâce à des propriocepteurs qui sont aux nombres de trois :

  • Les fuseaux neuromusculaires
  • Les organes tendineux de Golgi
  • Les corpuscules de Pacini et Ruffini

Ces propriocepteurs vont fonctionner en synergie avec le cortex moteur en envoyant des informations sur toutes les accélérations, angles et tensions qui s?appliquent sur les muscles et les articulations.

La proprioception est, par définition, l?extension du contrôle musculaire qu?il ne faut pas confondre avec le contrôle moteur davantage lié à la gestion d?une habileté sur-apprise (Cf. comment un sujet s?adapte à une situation inédite par l?adoption d?un nouveau comportement). Cela renvoie à un simple programme informatique, une vision très rigide. Pour parler de proprioception, il est préférable d?employer le mot « orchestration », car le contrôle moteur qui va réguler le contrôle musculaire ressemble plus à une symphonie guidée par un chef d?orchestre (vous). De même qu?il n?y a pas une seule manière de jouer une symphonie, il n?y a pas qu?une seule réponse au stimulus du corps. Si certains réagissent moins bien dans différentes situations, peut-on dire pour autant que ce sont de moins bons chefs d?orchestre ? Peut-être? Heureusement, cela s?améliore, mais comment ?

Comment peut-on améliorer la proprioception et comment l?entraîner ? Vous serez d?accord avec moi pour dire que la proprioception est primordiale dans le développement d?un athlète, mais aussi de tout être humain du plus jeune âge au plus âgé. Cependant, je viens de vous dire que la proprioception se résume à des signaux envoyés au cortex moteur par des propriocepteurs. Or, comment entraîner un signal ? Si l?on creuse, il doit bien y avoir une façon de reproduire les conditions qui créent le signal ? Un deuxième problème se pose : comment mesurer la proprioception ? Certains ont des réponses, mais cela serait beaucoup trop long à vous démontrer et je préfère parler de méthode directement applicable par tous.

Si vous êtes comme moi, prêt à regarder tout ce qu?il se fait en matière de préparation physique sur Facebook et autres réseaux sociaux, vous avez surement déjà vu des vidéos sur la proprioception. Généralement, on trouve des super parcours avec Bosu, Waff, plateaux de Freeman et j?en passe. On les trouve sous le nom de « Circuit proprioceptif », cela ressemble plus à du cirque qu?à de la préparation physique. Bref. L?équilibre (car ce sont des exercices d?équilibre que vous pouvez voir sur ses vidéos) participe dans une certaine mesure à l?entraînement de la proprioception, d?où les vidéos sur YouTube. Croire que l?équilibre va améliorer spécifiquement la proprioception est un amalgame. De plus, comme je l?ai dit précédemment, chaque individu ne joue pas la même symphonie de la même manière (vicariance et variabilité) à l?instant T. Donc, comment être sûr de la stratégie mise en place ? Pour terminer, voici une méthode nouvelle pour entraîner la proprioception.

Tout d?abord posons les bases : la proprioception, c?est informer pour produire et adapter les réponses musculaires. Cela, doit nous faire réfléchir sur la partie motrice. Par exemple, prenons notre jambe, plus particulièrement le genou en position tendue. Nos capteurs (les mêmes cités au début) envoient des informations à notre cerveau sur les forces appliquées afin de pouvoir produire une réponse. On pense souvent que le cerveau ordonne la contraction musculaire. Or, sans capteur qui informe le cerveau, comment une contraction peut-elle exister ? Il est possible de contracter un muscle volontairement, mais cette contraction sera inorganisée. Pour l?organiser, il faut forcément que des informations proprioceptives soit envoyées au cerveau et qu?un signal retour soit adressé aux muscles.

Comme première méthode, je propose d?évaluer le couple proprioception/contrôle musculaire. En effet, le premier est au service du deuxième, mais sans le premier, le deuxième n?existe pas. Pour cela, je propose d?évaluer la capacité à produire de la force en course interne afin de focaliser l?action des fuseaux neuromusculaires pour produire des informations. Toutefois, il y a des paramètres à ne pas négliger : la position du sujet, la direction, l?intensité, le point d?application de la force externe ainsi que l?impulsion et son temps d?application.

Dès lors que l?on évalue la capacité à contrer le vecteur de force proposé, on peut stimuler la proprioception et optimiser le contrôle moteur. Un travail ciblé en isométrie est tout à fait applicable ici. Prenez garde aux paramètres qu?il ne faut pas négliger. Une deuxième méthode applicable sur le terrain revient à modifier les informations proposées par le placement d?enroulement élastique qui permettent la facilitation et la sur-activation des structures musculaire ciblées. L?objectif : favoriser la centration articulaire et transformer les informations proprioceptives. On travaille de façon globale tout en stimulant des informations différentes et donc on favorise les réapprentissages moteurs.

Une troisième méthode consisterait à mixer les deux premières. Pour conclure la proprioception est un mécanisme de rétro-action organisé : une force est appliquée, le corps se déplace puis les informations sont envoyées au cerveau à la suite de quoi des ajustements peuvent être apportés. Ce concept (Feed-Foward) se retrouve dans les plus puissantes machines dotées d?une intelligence artificielle. L?objectif est de diminuer l?incertitude et de favoriser l?anticipation des actions. Qui dit rétroaction dit pré-activation. Physiologiquement, un pic de pré-activation permettrait de diminuer les contraintes locales et protégerait les structures. On retrouve ces pré-activations dans les drops jumps. C?est notamment ce qui permet de faire la différence entre un expert et un débutant par exemple. Posez-vous maintenant la question de savoir d?où découlent toutes ses retro-actions, pré-activations, proprioceptions? ? Ne serait-ce pas le contrôle musculaire par hasard ?

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter notre préparateur physique, Sylvain Brechbuhl.